La performance des universités et la gestion des connaissances

Selon Dominique Foray et Fred Gault (1), la gestion des connaissances englobe toutes les pratiques intentionnelles et systématiques visant à acquérir, saisir, partager et exploiter des savoirs productifs, où qu’ils se trouvent, dans le but d’améliorer l’apprentissage et les performances au sein des organisations. Cette gestion demande un investissement dans la création des capacités organisationnelles visant à faciliter l’identification, la documentation, la mémorisation et la diffusion des ressources cognitives, des capacités d’apprentissage et des compétences que les individus et les communautés génèrent ou peuvent générer et utiliser dans leur contexte professionnel.

Des exemples de pratiques de gestion des connaissances comprennent le partage de connaissances et l’affectation des ressources à la recherche et à l’acquisition de connaissances externes. Ces pratiques sont toujours difficiles à observer et à appliquer. Néanmoins, il est de plus en plus évident que ces pratiques ont des effets importants sur l’innovation et les performances des entreprises et des organisations. L’adoption et la mise en œuvre de pratiques de gestion des connaissances peuvent être considérées comme une phase déterminante de l’intégration progressive des institutions dans une économie et des pratiques sociales de plus en plus fondées sur le savoir.

La gestion des connaissances n’est qu’un des investissements possibles d’une économie fondée sur le savoir. D’autres investissements, tels que l’éducation et la formation, les logiciels ou la recherche et le développement, sont plus connus et leur réussite implique implicitement une gestion des connaissances. Toutefois, aujourd’hui, il y a plusieurs raisons de placer la gestion des connaissances au centre des autres stratégies, qu’il s’agisse de la formation ou de la recherche. Ces raisons revêtent une importance particulière pour les universités.

Premièrement, certaines des pratiques les plus anciennes liées aux politiques en matière de ressources humaines et d’emploi, qui contribuaient à la gestion des connaissances, ne sont plus adaptées à la réalité. La transmission des savoirs tacites était traditionnellement assurée par des institutions internes et des organisations externes (réseaux professionnels). Cependant, la mémorisation et la transmission des savoirs présentent des défaillances significatives, au point de ne garantir qu’un transfert partiel des savoirs. L’ancien système doit être remplacé par un nouveau système fondé sur d’autres méthodes de codification qui assurent à tous les membres l’accès et l’assimilation des savoirs, notamment à l’information.

Le déroulement de la carrière des individus suggère que leurs connaissances font partie intégrante du patrimoine intellectuel de l’entreprise. Cependant, les évolutions récentes en termes de mobilité des effectifs et, en ce qui concerne les universités, la participation en réseau hors-établissement rendent nécessaire d’imaginer et de mettre en place de nouvelles formes capables d’assurer la conservation interne du savoir et de pérenniser les compétences et les acquis.

Le manque de mécanismes capables d’assurer une véritable gestion des connaissances peut facilement conduire à laisser passer une ou plusieurs innovations majeures. Il est donc essentiel de mettre en place des processus visant à stimuler la créativité. L’inventivité demande à la fois une liberté d’action et une ouverture à la possibilité de réaliser des activités non conformes aux normes et aux coutumes, de faciliter les initiatives et les propositions qui naissent en dehors de la hiérarchie.

Troisièmement, le développement des marchés du savoir, la diffusion des technologies de l’information et les nouvelles méthodes d’évaluation des actifs immatériels sont trois caractéristiques de la nouvelle économie qui appellent à l’introduction de modes explicites de gestion des connaissances. Il est essentiel d’évaluer le capital intellectuel de l’université ainsi que son mode de fonctionnement.

Toutes ces raisons soulignent l’importance et l’urgence de mettre en place des systèmes de gestion des connaissances dans nos universités.

Référence :

  1. « Mesure des pratiques de gestion des connaissances », Mesurer la gestion des connaissances dans le secteur commercial, OCDE, Paris, 2004.
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